On conçoit aisément que l'air, qui est un fluide comme l'eau, soit en
partie expulsé des zones de surpression, et aspiré par les zones de
dépression. Le vent devrait donc à priori souffler directement des
anticyclones (hautes pressions) vers les dépressions (basses pressions).
Ce n'est pourtant pas si simple, car les mouvements de l'air cherchent à
compenser à la fois les écarts dynamiques (différences de pression) et
les écarts thermiques (différences de température).
Ces derniers sont en
fait les véritables moteurs de l'agitation de l'atmosphère, que ce soit
à grande échelle, par exemple par suite du réchauffement plus important
des zones équatoriales que polaires, où à petite échelle, par exemple
lors d'une journée caniculaire, quand l'air en contact avec les terres
se réchauffe plus vite que celui qui avoisine les eaux d'un lac. En
réalité, pratiquement tout ce qui se passe au-dessus de nos têtes est dû
à l'origine à des inégalités dans les capacités ou les possibilités de
réchauffement des diverses parties de notre globe.
Supposons que pour une
raison d'origine thermique, de l'air soit amené à circuler d'un point A
vers un point B. L'environnement de ce dernier va rapidement se trouver
en état de surpression, et cherchera à rejeter le surplus. Au contraire,
le point A va connaître un manque et cherchera à attirer de l'air. Les
différences de pression vont donc finalement avoir tendance à engendrer
un mouvement de B vers A, c'est-à-dire contraire à celui qui les a
provoqué. Les deux déplacements d'air ne se heurteront pas directement,
ils utiliseront des trajets différents. Ce merveilleux phénomène
d'autorégulation permet à notre atmosphère de conserver un certain
équilibre, tout en étant perpétuellement déréglée par l'apparition
incessante de nouveaux écarts thermiques.
Abordons maintenant le problème sous un autre angle. Le mathématicien
français CORIOLIS a démontré que par suite de la rotation de la terre
sur elle-même, tout mouvement dans l'hémisphère Nord, même amorcé en
ligne droite, a tendance à être dévié vers la droite (et au contraire
vers la gauche dans l'hémisphère Sud). Cela n'a cartes pas grande
importance dans la vie quotidienne, et si votre véhicule se déporte vers
la droite dans un virage à gauche, ne cherchez pas à en rejeter la
responsabilité sur Coriolis ! Les experts en balistique et en
astronautique doivent cependant en tenir compte.
L'atmosphère en
mouvement est également sensible à cette force. Les trajectoires de
l'air semblent pourtant s'incurver aussi souvent vers la gauche que vers
la droite. Il est donc logique de supposer qu'il existe une autre force,
compensatrice, qui provoque une déviation systématique vers la gauche.
En se limitant aux mouvements horizontaux, la pesanteur ne peut être
mise en cause, et seule la force qui attire l'air vers les dépressions
peut répondre à la question. Les basses pressions sont donc situées vers
la gauche lorsque l'on suit le mouvement de l'air. Autrement dit, en se
plaçant le dos au vent, les basses pressions seront à gauche et les
hautes pressions à droite (c'est le contraire dans l'hémisphère Sud).
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